Publié le 15 janvier 2015 // Du côté de La tribu // Pas encore de commentaire
La frustration est une réponse émotionnelle à l’opposition, lorsqu’un désir, un besoin sont contrariés par une résistance que l’on pense venue de la volonté d’une personne, ou éventuellement de sa propre peur ou de son manque de confiance.
La frustration vient de la rencontre de ses propres limites et de la confrontation aux autres et aux règles imposées par la vie sociale. Elle amène la colère et la déception. C’est comme une route barrée ou perçue difficile. Certains répondent par l’agression, d’autres réagissent de manière plus passive comme la peur, la paresse, des oublis, des plaintes, de la malhonnêteté…
L’enfant n’accepte spontanément aucune frustration, il naît avec le principe de plaisir. Son contraire est le principe de réalité, qui permet de vivre au milieu des autres. Pour cela, l’enfant doit réaliser qu’il n’est pas le centre du monde, qu’il n’obtient pas tout, tout de suite, qu’il doit partager. D’où l’intérêt d’être confronté à d’autres enfants, être capable d’attendre. Tous les enfants éprouvent le besoin d’avoir des limites et ils font même des bêtises délibérément pour vérifier jusqu’où ils peuvent aller. Il leur faut donc des adultes qui savent dire non et se montrent cohérents dans ce qu’ils interdisent.
Il est inconcevable et peu souhaitable d’élever un enfant sans frustration. Elles sont libératrices, permettent l’accès au symbolique et facilitent le chemin vers l’autonomie. Encore faut-il que l’on reconnaisse à l’enfant le droit d’exprimer ce que ces frustrations lui font vivre.
Si à un moment donné, l’enfant ne peut accéder à l’objet dont il a envie (bonbon, émission télévisée…), il vit une frustration souvent intense, mais une « micro-frustration » puisque ses besoins fondamentaux ne sont pas concernés. Dans les premiers temps, son déplaisir s’extériorise par un chagrin et/ou une agressivité disproportionnée du point de vue de l’adulte. Si ces émotions sont accueillies avec sérénité, des micro-frustrations peuvent être saines et positivement structurantes. Elles vont aider l’enfant à se construire, à prendre conscience de lui-même comme personne séparée, à « se poser en s’opposant », à tolérer de mieux en mieux un certain niveau de frustration, à acquérir l’agressivité indispensable, celle que l’on contrôle suffisamment, qui fournit l’énergie nécessaire à l’action et qui permet de ne pas se laisser écraser.
La frustration est inévitable, incontournable, dans la découverte de soi, des autres, du monde et de son fonctionnement. Imaginer qu’il soit possible d’éviter les frustrations à l’enfant est un mensonge qu’on se fait à soi-même. Aux adultes de montrer à l’enfant comment eux-mêmes réussissent à surmonter sans drame les multiples contraintes du quotidien.
Pour commenter cet article, cliquez ici